Pourquoi, en Algérie, le PADS soutient les manifestations contre le régime de la bourgeoisie compradore, affairiste et exploiteuse mais n'est pas prêt à se ranger derrière l'opposition libérale
Pourquoi le PADS soutient les manifestations contre le régime de la bourgeoisie compradore, affairiste et exploiteuse mais n'est pas prêt à se ranger derrière l'opposition libérale
Cher ami,
Vous nous demandez si nous appelons à marcher ou non contre Bouteflika.
La réponse à votre question est contenue dans notre déclaration.
La pointe de notre combat n'est pas dirigée contre Bouteflika seulement mais contre tout le régime de la bourgeoisie compradore, affairiste, exploiteuse et ses alliés, y compris parmi les partis et organisations de l'opposition ultra-libérale.
Face au désastre provoqué par la politique économique ultra-libérale mise en oeuvre depuis 20 ans, à la misère, à la détresse sociale indicible des travailleurs et des jeunes, aux inégalités qui n'ont pas de précédent depuis 50 ans, face aux conséquences de cette politique, les partisans du capitalisme cherchent à sauver ce système tout en en ravalant la façade et en sacrifiant sans état d'âme ceux qui l'ont incarné depuis des années et sont de ce fait complètement discrédités.
Nous soutenons toute action, toute manifestation, toute grève dirigées contre ce régime et ses choix de classe. Nous dénonçons toute entrave à la liberté d'expression des travailleurs et des progressistes. Quand nous en avons les moyens, nous organisons nos propres initiatives, fussent-elles d'envergure limitée, sous des mots d'ordre clairs pour la réalisation des aspirations de classe des masses laborieuses. Quand nos forces ne nous le permettent pas, nous nous adressons aux travailleurs entraînés dans les marches organisées par les partis bourgeois ou petits-bourgeois pour qu'ils impriment à ces marches leurs revendications politiques et économiques de classe.
Cependant, le PADS ne marchera pas derrière les partisans de l'ultra-libéralisme et amis des magnats de l'huile et du sucre, affameurs du peuple et exploiteurs sans vergogne des travailleurs. Il ne marchera pas derrière ceux qui se concertent avec l'ambassadeur des USA pour obtenir son appui dans leur course au pouvoir après avoir conféré avec les responsables des services de sécurité algériens. Il ne marchera pas sous la banderole agitée par ceux qui n'ont rien trouvé de mieux à faire que de chercher à gagner la sympathie de Cohn-Bendit, ancien partisan de la libération de Ali Belhadj, au plus fort des massacres commis par les terroristes du FIS, et député européiste enragé, viscéralement hostile à tout peuple aspirant à se libérer de la tutelle des grandes puissances impérialistes.
Le PADS marchera avec les travailleurs, les jeunes, les petits fellahs, les intellectuels démocrates progressistes et humanistes, les cadres honnêtes et patriotes de l'Etat et de l'économie, pour un changement radical de régime, pour que soit enfin instaurée la république démocratique et populaire rêvée par les masses populaires et esquissée dans le Programme de Tripoli et le programme du PCA (Parti communiste algérien) à la veille de la proclamation de l'indépendance de l'Algérie après une guerre de libération lourde de sacrifices.
Nous ne tromperons par les travailleurs et les jeunes par des mots d'ordre suivistes qui les pousseraient à se mettre à la remorque des partisans du capitalisme dits d'opposition, à servir de chair à canon pour favoriser la réalisation de leurs objectifs de rééquilibrage des forces en présence au sein du régime, sans rupture avec le système capitaliste, quels que soient les bavardages sur le "changement de régime". Les travailleurs conscients ne veulent pas servir de forces d'appoint pour une "Révolution sans révolution" comme celle que l'impérialisme cherche à imposer en Tunisie après avoir lâché la marionnette Ben Ali vomie par le peuple. Nous les mettrons en garde pour qu'ils ne soient pas les jouets des forces de l'ultra libéralisme et les instruments inconscients du plan des puissances impérialistes qui considèrent que le moment est venu de prendre complètement le contrôle de l'Algérie par l'intermédiaire d'hommes de paille totalement soumis à leurs visées et encore plus réactionnaires que les gens du régime.
Il serait criminel de cacher au peuple et aux travailleurs que les dirigeants de l'opposition ralliée à l'ultra libéralisme agissent de concert avec les pays impérialistes et jouent sur tous les tableaux pour arriver à leurs fins: exercer le pouvoir pour gérer "loyalement" un territoire selon les voeux des pilleurs impérialistes, les règles et les critères qu'ils ont définis pour le monde entier afin de soutirer le maximum de profits des pays pris dans leur filet. Il serait impardonnable de notre part de ne pas éveiller la vigilance des travailleurs pour qu'ils ne tombent pas dans le piège de leurs ennemis de classe déguisés en amis compatissant à leur détresse, sous prétexte que l'heure est d'abord à la lutte pour la démocratie et que les objectifs que nous poursuivons seront débattus plus tard grâce aux "acquis de la démocratie". Les comploteurs ultra libéraux nous disent en substance: "battons-nous pour la levée de l'état d'urgence, pour la démocratie et c'est elle qui fournira ensuite aux travailleurs le cadre le plus favorable à l'expression de leurs revendications". Beaux discours et belles proclamations sauf que leur contenu est mystificateur. Depuis la sanglante manipulation d'octobre 1988, la grande masse du peuple a appris que la bourgeoisie compradore, affairiste et exploiteuse a toujours agi sous le drapeau des "réformes démocratiques" pour renforcer son influence, son pouvoir, mettre la main sur les richesses créées par le pays depuis 50 ans, plonger les travailleurs dans un moyen âge social, en un mot effectuer une contre-révolution d'une envergure inimaginable au point que, dans un pays qui a accumulé tant de pétro-dollars, des milliers de jeunes et de travailleurs se sont suicidés depuis le début des années 1990 qui ont sonné le glas des acquis du développement et de l'édification nationale économique et social enregistrés après l'indépendance. Nous ne séparons pas la forme démocratique de gouvernement de son contenu de classe. Nous ne séparons pas le combat démocratique de la lutte pour mettre en échec les complots des pays impérialistes. Démocratie populaire en faveur de la classe ouvrière, de la paysannerie laborieuse, des couches intermédiaires vivant de leur travail et écrasées elles aussi par le système impérialiste-compradore ou démocratie bourgeoise inféodée à ce système? Telle est la question posée à l'étape actuelle des luttes.
Nous alertons les travailleurs sur le profond travail d'infiltration effectué par l'impérialisme dans notre pays avec l'assentiment de tous les clans du régime, y compris de ceux qui ont pu considérer qu'il fallait leur faire des concessions pour desserrer la pression lors de la lutte contre le terrorisme islamiste. Nous disons aux travailleurs et aux progressistes: "Attention! Les pays impérialistes ont tissé des liens très étendus avec de nombreuses associations et organisations pour les embrigader et en faire les instruments de réalisation de leur plan expansionniste. N'attendez pas qu'il soit trop tard pour déjouer leurs plans! C'est maintenant qu'il faut vous battre pour arracher les libertés d'expression sans servir de masse de manoeuvre à ceux qui vous chantent le doux refrain de la démocratie pour vous berner!" Le fait que le pays n'est plus depuis quelques années sous le joug des puissances financières grâce à la quasi extinction de la dette extérieure ne plaît absolument pas à ces puissances qui craignent par dessus que la proie Algérie s'échappe de leurs griffes à la faveur d'un sursaut patriotique.
Comment ne pas interpréter le silence des partis d'"opposition" sur la question des pressions des USA pour obtenir une base pour l'Africom, comme un signe d'allégeance tacite à l'impérialisme? Compte tenu de l'histoire anticolonialiste de notre pays aucun courant politique de droite ne peut ouvertement déclarer son accord avec les demandes américaines. Mais il peut leur manifester son acquiescement en observant un silence calculé.
Les partisans du capitalisme, agents actifs de l'application des sinistres ajustements structurels - dont les résultats sont d'avoir détruit les acquis de l'industrialisation et d'avoir placé le pays sous la dépendance économique de l'impérialisme - ont en réalité participé consciemment ou de fait au monopole de la vie politique par leur soutien à la loi sur les partis, à leur refus même maintenant de demander clairement son abrogation. Ils ont contribué à étouffer la voix des travailleurs en échange de l'accès à certains privilèges politico-médiatiques, pour ne citer que ces aspects.
Notre principe tactique est d'être dans toutes les manifestations avec nos propres analyses, nos propres mots d'ordre et nos propres objectifs sans se laisser lier les mains par aucun appel à la "trêve idéologique et politique" avec les partis de la bourgeoisie et de la petite-bourgeoisie "modernistes" au nom d'une soi-disant unité la plus large des "démocrates" qui serait "indispensable" pour abattre le régime. Notre tactique est de combattre les tentatives d'exploiter le mécontentement des travailleurs et les révoltes des jeunes, par les partis et organisations qui critiquent d'un point de vue encore plus réactionnaire certaines décisions économiques du pouvoir en se camouflant sous le drapeau de la lutte pour la démocratie pour cacher leurs objectifs de classe. Pour de nombreuses forces politiques de l'"opposition démocratique", l'enjeu actuel est de se faire des alliés parmi les pays impérialistes et des secteurs de la bourgeoisie lésés par le contrôle qu'une frange "éclairée" du régime a introduit pour éviter à moyen terme une situation révolutionnaire de nature à mettre en péril leurs positions. On ne peut comprendre cette soudaine ébullition si on ne tient pas compte des contradictions qui ont éclaté au sein du régime et de l'instrumentalisation de tel ou tel groupe d'"opposants" par tel ou tel groupe de la bourgeoisie compradore et de ses alliés, soutiens ou parrains dans le régime. La grande masse des travailleurs en est consciente. Elle étudie le moment le plus favorable pour faire entendre sa voix mais n'a aucune envie de tomber dans le piège des conflits internes à ses différents groupes de la bourgeoisie affairiste. Les émeutes du 5 octobre 1988, l'émergence du FIS et son terrorisme de masse, les événements sanglants de Kabylie de 2001, ont cruellement instruit les éléments les plus conscients d'entre eux.
La responsabilité historique des communistes algériens et de toutes les forces de progrès du pays est de travailler à la prise de conscience des travailleurs pour qu'ils jouent un rôle fondamental dans les luttes en vue d'un changement radical de régime. Ces luttes vont être longues étant donné les grandes difficultés que le mouvement ouvrier révolutionnaire algérien doit surmonter pour s'affirmer et peser de tout son poids dans les luttes politiques. Ces difficultés ont été créées par la destruction de la classe ouvrière et de ses organisations politiques et syndicales de classe sous les coups, non seulement des islamistes et des alliés de ces derniers dans le pouvoir, mais aussi des ajustements structurels, de la désindustrialisation qu'ils ont provoquée, de la liquidation des franges les plus expérimentées de la classe ouvrière que cette désindustrialisation a entraînée. Ces difficultés sont aussi le résultat de la trahison en 1990-1993 de la majorité de la direction et de l'encadrement du Parti de l'Avant-garde Socialiste. La liquidation de ce parti dont se réclament avec fierté les militants du PADS et bien d'autres, a désarmé les travailleurs et les petits fellah au moment où ils en avaient le plus besoin pour contrer la sauvage offensive lancée contre leurs conquêtes sociales. Cette offensive a été activement soutenue, sous couvert des "réformes économiques et sociales", par ces partis dits "démocratiques" et pratiquement toute la presse aussi bien gouvernementale que celle dite démocratique. Celle-ci n'hésite pas ensuite à verser des larmes de crocodile sur la paupérisation des masses comme si cette paupérisation n'avait aucun lien avec la libéralisation qu'elle a défendue, qu'elle défend encore et qu'elle met simplement sur le compte de la "mauvaise gouvernance" ou de "l'autoritarisme" du pouvoir pour laver de leurs responsabilités les tenants du choix capitaliste, dans le pouvoir ou en dehors de lui.
Les partisans d'un capitalisme dépendant mais à visage "démocratique" cherchent seulement à "déverrouiller" la vie politique au profit des couches sociales qui ont recueilli leur part du coup de barre déclaré vers le capitalisme en 1987-1990, sans remettre en cause les orientations capitalistes du régime, sources de la misère des masses et du désarroi total des enfants du peuple. Ce n'est pas pure coïncidence si de nombreux porte-parole de la petite-bourgeoisie "moderniste" se prévalent de leur statut social de "classes moyennes" qui les habiliterait, en vertu des pseudo théories socio-politiques en vogue, à guider la société en leur qualité de gage et de fondement de sa stabilité. Sous ce verbiage politico-idéologique perce la prétention de ces couches sociales à éloigner les travailleurs du socialisme, à les éduquer dans la soumission à l'ordre capitaliste, à le faire admettre comme "le moins mauvais des systèmes" et malheureusement conforme à la "nature humaine" qu'il convient seulement de corriger par des mesures sociales bien étudiées. Ce rôle de chien de garde du capitalisme, grassement rémunéré dans un système injuste de redistribution du revenu national, faut-il préciser, sera combattu sans concession par les communistes.
Nos buts sont de guider la classe ouvrière, la paysannerie laborieuse et toutes les couches sociales exploitées ou victimes de la domination financière impérialiste pour changer l'ordre actuel, conquérir les libertés démocratiques, instaurer un véritable régime démocratique populaire assurant le progrès social et une indépendance économique réelle.
Sous la bannière de la lutte contre le "système", l'aile la plus entreprenante parmi les initiateurs de la marche du 22 janvier et celle du 12 février prochain, la mieux organisée et la plus liée à des cercles du pouvoir et à l'impérialisme, cette aile cherche à faire d'une pierre deux coups: imposer la politique ultra-libérale que réclament les secteurs de la bourgeoisie compradore et des couches industrielles monopolistes, arracher leur participation à la décision politique à la faveur de l'affaiblissement, voire de l'éviction pure et simple des courants détenant dans le pouvoir une hégémonie issue de l'histoire de la constitution de l'Etat algérien, hégémonie devenue aujourd'hui insupportable pour toutes les classes et couches sociales. Forts des appuis dont ils jouissent au sein même du régime, ces initiateurs agissent soit pour un nouveau partage des rôles dans l'Etat, soit pour se substituer aux groupes dirigeants tout en continuant la même politique économique et sociale ou en l'aggravant en "dorant la pilule".
La tâche qui se pose à toutes les forces progressistes authentiques du pays est de conduire la lutte de classes des exploités et des catégories sociales marginalisées par le système politique et économique actuel sans servir de marche-pieds pour leurs ennemis de classe, fussent-ils "opposants" et "démocrates".
PADS
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