dinsdag 20 december 2011

Nationalrat
Conseil national
Consiglio nazionale
Cussegl naziunal

Rapport de la Commission de politique extérieure du 31 octobre 2011

Réunie le 31 octobre 2011, la Commission de politique extérieure du Conseil national a procédé à l’examen préalable de la pétition visée en titre, déposée le 4 juillet 2011 par M. Ismail Parmaksiz.

L’auteur de ladite pétition invoque l’aide de l’Assemblée fédérale afin que le massacre perpétré au Dersim en 1937 et 1938 soit reconnu comme étant un génocide.

Proposition de la commission

Par 11 voix contre 5 et 1 abstention, la commission propose de ne pas donner suite à la pétition.

Pour la commission :
La présidente Christa Markwalder

1. Objet de la pétition
2. Considérations de la commission

1. Objet de la pétition

L’auteur de la pétition demande au Parlement de s’engager afin que :

le massacre de Dersim (1937-1938) soit reconnu en tant que génocide ;
la République de Turquie présente ses excuses aux victimes et à leurs descendants ;
les habitants qui ont été déplacés au moment des faits et leurs descendants jouissent d’un droit à la réintégration ;
les habitants qui ont été déplacés au moment des faits et leurs descendants soient assistés dans leur éventuelle quête de réintégration ;
une assistance financière soit prévue pour le processus de réintégration susmentionné ;
les survivants du massacre, les personnes déplacées et la deuxième génération des descendants soient indemnisés ;
le massacre soit relaté dans les livres d’école et les archives notamment, ainsi que dans l’histoire de la Turquie, et présenté dans les musées ;
des efforts soient déployés pour encourager la réconciliation entre les populations concernées ;
l’endroit où Seyid Riza, son fils et ses compagnons sont enterrés soit révélé publiquement ;
le nom de tous les villages et villes kurdes soit rétabli, en particulier celui de Dersim (qui s’appelle aujourd’hui Tunceli, en turc)
tous les projets de construction de barrages qui entraîneraient l’inondation de villes, de lotissements, de lieux historiques et de zones agricoles kurdes soient suspendus.

2. Considérations de la commission

La commission a pris connaissance des événements qui ont eu lieu au Dersim en 1937 et 1938. Elle estime qu’il est important de soumettre les faits qui se sont déroulés alors à un travail d’analyse historique.
La commission pense que la contribution de la Suisse doit consister à mener un dialogue constructif et une politique active en vue de promouvoir les droits de l’homme et le travail de mémoire historique. Eu égard au fait que la Suisse s’engage déjà, au sein de diverses organisations internationales, en faveur de minorités religieuses et ethniques, elle propose de ne pas donner suite à la pétition.

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11.2023 n Petition Parmaksiz Ismail. Anerkennung des Völkermordes in Dersim, ehemalige Provinz der Türkei, 1937/38

Bericht der Aussenpolitischen Kommission vom 31.

Oktober 2011

Die Kommission hat an ihrer Sitzung vom 31. Oktober 2011 die am 4. Juli 2011 von Herrn Ismail Parmaksiz eingereichte Petition vorgeprüft.

Die Petenten fordern die Bundesversammlung auf, Unterstützung zu leisten, dass die Massentötung von Dersim von 1937/38 als Völkermord anerkannt wird.

Antrag der Kommission

Die Kommission beantragt mit 11 zu 5 Stimmen bei 1 Enthaltung, der Petition keine Folge zu geben.

Im Namen der Kommission
Die Präsidentin: Christa Markwalder

1. Inhalt der Petition
2. Erwägungen der Kommission

1. Inhalt der Petition

Die Petenten fordern vom Parlament:

Die Anerkennung der Massentötung von Dersim (1937-38) als Völkermord
Entschuldigung der Türkischen Republik bei den Opfern und deren Nachkommen
Recht auf Wiedereinbürgerung für vertriebene ehemalige Einwohner und deren Nachkommen
Unterstützung bei der Wiedereinbürgerung für vertriebene ehemalige Einwohner und deren Nachkommen, wenn diese es wünschen
finanzielle Unterstützung für die Wiedereinbürgerung
Abfindung für die Überlebenden, Vertriebenen und die zweite Generation der Nachkommen
Dokumentation bspw. in Schulbüchern, Museen, Archiven und in der türkischen Geschichte
Förderung der Versöhnung
Bekanntgabe des Ortes wo Seyid Riza, sein Sohn und seine Gefährten begraben sind
Umbenennung aller kurdischen Dörfer und Städte im Speziellen Dersim (heute Tuncelli)
Stopp aller Projekte zum Bau von Staudämmen, die kurdische Städte, Siedlungen, kulturelle Städte und landwirtschaftliche Felder überfluten würden.

2. Erwägungen der Kommission

Die Kommission hat von den Ereignissen von 1937/38 in Dersim Kenntnis genommen. Sie ist der Ansicht, dass eine historische Aufarbeitung dieser Ereignisse wichtig sei.
Von Seiten der Schweiz soll ein konstruktiver Dialog und eine aktive Politik zur Förderung der Menschenrechte und der Vergangenheitsaufarbeitung geführt werden. Angesichts der Tatsache, dass sich die Schweiz in internationalen Gremien für religiöse und ethnische Minderheiten einsetzt, beantragt die Kommission, der Petition keine Folge zu geben.

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Dersim: l’offense redoublée d’Erdogan

Posted by Laurent Leylekian – transfert on 16/12/2011, 15:28:52

Dersim: l’offense redoublée d’ErdoganPublié par Laurent Leylekian
Source:
http://eurotopie.leylekian.eu/Il est excuses plus insultantes encore que l’offense qu’elles sont censées racheter. En matière d’obscénité politique, force est de reconnaître que le Grand Turc vient de repousser les limites: Selon plusieurs dépêches de presse de son pays, Recep Tayyip Erdogan, le Premier ministre a récemment déclaré : “S’il y a des excuses à présenter au nom de l’Etat (…) je voudrais présenter mes excuses et je présente mes excuses” à propos des massacres de masse commis en 1938 par l’armée de la République kémaliste naissante dans la région reculée du Dersim.


Willy Brandt – Varsovie, 1970.

Nul doute que les zélateurs d’Ankara sauteront des deux pieds sur l’opportunité et sur la méconnaissance de la réalité turque par les Occidentaux pour présenter ces “excuses” comme un indice révélateur des “progrès de la Turquie” et autres billevesées. Parmi les extrapolations aventureuses qu’ils en tireront, se trouvera sûrement la prophétie que ces “excuses” pourraient constituer un prélude à une prochaine demande de pardon à propos du génocide des Arméniens. Bref, on entendra sous peu formulée la comparaison pour le moins osée entre l’actuel homme fort d’Ankara et l’ex-chancellier allemand Willy Brandt qui s’était agenouillé avec sincérité, courage et dignité devant le mémorial du Ghetto de Varsovie en 1970 et qui avait effectivement engagé son pays dans une démarche de contrition et de réparation .

Un contexte de rivalité politique: les Islamistes jettent l’opprobre sur les Kémalistes


Dersim 1938 – les soldats de la République et leurs victimes enchaînées comme des bêtes avant exécution.

Or rien n’est plus éloigné de la vérité. Passons rapidement sur la grossière minimisation du nombre de victimes des massacres du Dersim telle que conçue par Erdogan: il ne s’agit pas de 10 000 victimes, ni même de 13 806 morts selon un décompte aussi précis que fantaisiste mais de 50 à 80 000 morts, hommes, femmes et enfants tués au cours de prétendues opérations de “pacification”. En fait, le crime principal des habitants du Dersim était de s’être toujours montrés rétifs au processus de turquification – un processus d’ingénierie sociale renforcé depuis les Jeunes-Turcs – de n’avoir pas participé à la curée 20 ans auparavant – lors du Génocide des Arméniens – et d’avoir largement protégé ces derniers dans le cadre d’une conception tolérante et pacifique de l’Islam propre à l’alévisme. Si cette région qui était depuis longtemps dans le collimateur des autorités ottomanes n’a finalement été ravagée qu’en 1938, ce ne fut d’ailleurs pas dû à une quelconque mansuétude antérieure des pachas turcs mais parce que ni les Ottomans, ni les kémalistes qui leur succédèrent n’eurent suffisamment de puissance politique et militaire pour le faire auparavant.

Les “excuses” du Premier Ministre turc ne tombent donc pas dans le vide mais participe d’un contexte. En reconnaissant a minima les massacres du Dersim, Erdogan noircit un peu plus le tableau de ses adversaires kémalistes du parti républicain (CHP) . Son adresse constitue d’ailleurs une réponse de politicien roué à une attaque du leader du CHP – Kemal Kilicdaroglu, lui-même originaire du Dersim et qui souhaitait que “la Turquie affronte son passé”. La réponse d’Erdogan mérite d’être intégralement reproduite: “Est-ce moi ou vous qui devrait s’excuser ? S’il y a des excuses au nom de l’Etat et s’il y a une telle opportunité, je peux le faire et je m’excuse. Mais s’il y a quelqu’un qui devrait s’excuser au nom du CHP, c’est vous car vous êtes du Dersim. Vous avez déclaré que vous étiez honoré d’être du Dersim. Maintenant, sauvez votre honneur”.

Et d’ajouter “Le Dersim fait partie des évènements les plus tragiques de notre histoire récente. C’est un désastre qui doit maintenant être évoqué avec courage. Le parti qui devrait être confronté à cet incident (sic !) n’est pas le parti au pouvoir de la Justice et du Développement [l'AKP]. C’est le CHP qui est derrière ce désastre sanglant et qui devrait se confronter à cet incident (re-sic !) et son président est de Tunceli.” [NdT : nom actuel du Dersim]

Manœuvres et arrière-pensées politiques


Le résultat des élections législatives de 2011. la tâche rouge à l’Est de la Turquie représente le Dersim. Les “indépendants” en vert ont en fait voté pour le parti kurde BDP. En jaune, la réalité d’une Turquie islamiste.

Et voilà comment – à peu de frais – le tribun d’Ankara parvient dans un même mouvement à jeter une opprobre, certes justifiée, sur ses opposants politiques tout en passant sous silence les exactions actuelles de son propre gouvernement contre les Kurdes – ceux-là même qui prirent part naguère au Génocide des Arméniens et aux massacres du Dersim. Rappelons au passage que les principales voix discordantes de Turquie – celles qui pourraient se montrer critiques à l’adresse de la politique de plus en plus brutale et autoritaire du régime Erdogan – ont été mises sous les verrous il y a moins de deux mois. Rappelons aussi – cela pourrait avoir échappé – que le Dersim est la seule circonscription électorale de Turquie orientale qui vote CHP. Ceci s’explique d’une part parce que les habitants originels du Dersim – Alévis – se sont toujours montrés méfiants vis-à-vis de l’Islam orthodoxe sunnite et donc attachés à la laïcité, quoique artificielle qu’elle puisse être en Turquie, et d’autre part parce que suite aux massacres, l’Etat turc a procédé à une véritable colonisation intérieure de la région en y implantant des populations qui étaient au kémaliste ce que le komsomol était au bolchevisme. La déclaration d’Erdogan peut donc aussi être interprétée comme une manœuvre de séduction à l’égard de ces populations dans un contexte où le leadership des islamistes de l’AKP est aujourd’hui sérieusement entamé non seulement vis-à-vis des Kurdes à l’Est mais également vis-à-vis des classes moyennes turques.

Les massacres du Dersim questionnent la République turque,

le Génocide des Arméniens met en cause la nation turque

Voilà donc le pourquoi du comment de ces “excuses” et de leur sincérité. Il ne faut donc pas s’attendre au même type d’excuses – par ailleurs à bon compte – vis-à-vis du Génocide des Arméniens. Car si les deux opérations furent assez similaires d’un point de vue opérationnel, si ceux qui participèrent au premier furent aussi impliqués dans le second, comme par exemple l’infâme Sükrü Kaya, là s’arrête la similitude et le contexte des deux tueries fut en fait assez différent : Les massacres du Dersim furent essentiellement un acte d’affirmation de la République turque et on peut donc faire confiance à Erdogan pour les fustiger; le Génocide des Arméniens fut l’acte de création de la nation turque dont il ne faut pas escompter qu’il soit regretté par n’importe lequel des dirigeants passés ou actuels de Turquie.

Pour ceux qui auraient quelques doutes en la matière, la fin de l’intervention d’Erdogan est également révélatrice. Accusé comme de bien entendu par le CHP de préparer un demande de pardon pour le Génocide des Arméniens, le sanguin Erdogan a vertement répliqué “vous me mettez dans le même panier que la Diaspora arménienne. Honte à vous : Comment osez vous me comparer à la Diaspora arménienne”. C’est sûr : le “bon Turc” Erdogan n’est certainement pas prêt à battre sa coulpe en reconnaissant que la création de l’identité de son peuple s’est faite sur le cadavre d’un autre.

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“S’il y a des excuses à présenter au nom de l’Etat, alors je présente mes excuses”. Par ces mots, le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a reconnu officiellement les massacres du Dersim commis par l’armée turque en 1937-38, au cours d’une campagne de répression particulièrement sanglante. “L’incident le plus tragique de notre passé récent”, selon Erdogan, qui répondait à une demande de son opposant Kemal Kiliçdaroglu, qui demandait que “la Turquie affronte son passé”. Ces déclarations de M. Erdogan, la semaine dernière, au Parlement, documents à la main (voir la vidéo), ont fait couler beaucoup d’encre. Mais c’est surtout la polémique politicienne qui occupe les commentateurs, prenant le pas sur la dimension historique de cet acte de repentance, même incomplet.

Les réactions ont d’abord été sceptiques. Ses détracteurs et le parti kémaliste CHP, taxent M. Erdogan d’”hypocrisie”. Le premier ministre a bien sûr son propre agenda. Et cette reconnaissance surprise lui permet de discréditer un peu plus le CHP, son principal parti d’opposition, empêtré dans ses contradictions, incapable de solder un héritage encombrant. Le CHP, parti fondé par Atatürk et parti unique jusqu’en 1945… A la fin des années 30, sous la présidence d’Atatürk, les chefs du gouvernement, Ismet Inönü puis Celal Bayar, ont eux-même supervisé les opérations du Dersim.

Des opérations planifiées depuis la fin des années 20 pour écraser dans le sang cette région rebelle, peuplée de Kurdes et de Zazas, alévis, mais aussi d’Arméniens, islamisés ou non, qui y avaient trouvé refuge au moment du génocide de 1915. La petite ville de Dersim est alors rebaptisée Tunceli, la main de bronze, du nom de l’opération militaire. Le nom d’usage jusqu’à aujourd’hui pour cette province.

Erdogan s’est en fait engouffré dans une brèche ouverte par le CHP lui-même. Le 9 novembre, le député CHP de Tunceli, Hüseyin Aygün, (photo) brise la glace et met en cause une politique d’Etat. “Pas vraiment un scoop, écrit Jean Marcou sur le blog de l’Ovipot. “Mais venant d’un député du CHP, même de Tunceli, il surprend, bien sûr, et fait l’événement”. Ces déclarations ont provoqué des remous jusqu’au sein du parti. Un groupe de députés a demandé l’exclusion d’Aygün. Le président du CHP, Kemal Kiliçdaroglu est lui-même originaire de Nazimiye, dans la région de Tunceli et des membres de sa propre famille ont été victimes des massacres et des déportations. En novembre 2009, le vice président du CHP de l’époque, le diplomate Onur Öymen, avait soulevé la réprobation après une sortie, justifiant les massacres de 1937-38.

A trop se laisser distraire par cette polémique, on en aurait presque oublié que ce n’est pas seulement M. Erdogan qui a reconnu les massacres, mais, fait beaucoup plus signifiant, à travers lui, la République turque. “La portée d’un tel geste dépasse très largement son auteur : il est difficile de refermer la boîte de Pandore, une fois qu’on l’a ouverte…”, écrit encore Jean Marcou. Bien sûr, cette reconnaissance a minima, validant les chiffres officiels de 13.806 morts, recensés par la gendarmerie, là où selon les historiens, on pourrait plutôt parler de 30.000 à 50.000 morts, est largement insuffisante. Bien sûr il faudra encore d’autres étapes pour parvenir à la vérité historique: sur l’emploi d’armes chimiques contre des civils, gazés dans les grottes. Ou sur le rôle, par exemple de Sabiha Gökçen, fille adoptive d’Atatürk et première femme pilote de l’armée turque, qui fut envoyée pour arroser la région de bombes.

Mais un processus est enclenché et il dépasse très probablement les intentions du premier ministre. Le journal Radikal et le reste de la presse pro gouvernementale (Sabah, Zaman, etc) publient depuis deux semaines documents et articles sur les massacres du Dersim. Les librairies débordent d’ouvrages abordant la question et les chercheurs se lancent dans l’étude des documents d’archives.

Les éditorialistes s’emballent, questionnent, critiquent : quelques exemples avec Mehmet Ali Birand, pour qui il faut maintenant affronter le tabou de 1915, Orhan Kemal Cengiz, ou encore Koray Caliskan. D’autres, comme Pinar Ogunc, dans Radikal, font remarquer que c’est l’AKP qui avait fait interdire un documentaire sur le Dersim. L’universitaire Bilgin Ayata souligne que la politique de l’Etat turc, sous Erdogan, reste peu différente de celle de ses prédécesseurs, prenant pour exemple le projet de 10 barrages autour du Dersim…

Le génocide arménien de 1915, après les massacres des années 30 que les Dersimis qualifient volontiers de “jenosid”, peut-il être la prochaine étape de ce travail de mémoire? Les réactions à courte vue de Tayyip Erdogan peuvent laisser penser le contraire. Mais c’est la République qui parle.

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